Mon allaitement rock’n’roll ! (Par Sophie)

Dans cet article nommé “Mon allaitement rock’n’roll” nous allons aborder un parcours plutôt sinueux mais drôle. Alors si vous voulez en savoir plus sur la douleur la tétée, l’engorgement de seins, les crevasses, le manque de lait inopiné et les tétous qui saignent, c’est par ici. Tout cela n’est vraiment pas de chance et ce n’est pas dramatique non plus. Mes chères mères allaitantes, on vous embrasse !

3, 2, 1 : zéro préparation à l’allaitement

Je ne me souviens plus du jour où j’ai choisi d’allaiter. Je ne connaissais personne qui avait allaité. J’évitais tous les les livres ou les gourous de l’allaitement bien trop sectaire à mon goût. Je me disais que le sujet serait abordé lors des séances de préparation à la naissance à la maternité dans un cadre neutre. Alors…

• J’ai acheté 4 soutien-gorge moches.
• J’ai acheté aussi 6 rondelles de coussinets lavables.

Voilà, c’est tout.

Bébé naît : top départ de l’allaitement 

Le bébé vient de naître. Il est sur mon ventre, on fait du “peau à peau”. Je sens ses petits pieds pousser pour se rapprocher du sein. Il le cherche, il le sent. Il va y arriver. La sage-femme soutient légèrement sa tête et il attrape le sein. Il tète d’instinct. Magnifique ! 

La première mise au sein est magique. 

Le tout 1er lait de la toute 1ère tétée s’appelle le colostrum, il contient beaucoup de vitamines, des minéraux, des globules blancs, des anticorps… C’est le kit de survie du nouveau-né. 

1ere tétée impeccable.

2eme tétée impeccable.

3eme tétée infernale.

Cela fait un mal de chien. Cela pince pince aigu, j’en ai la larme à l’œil. LA sage-femme médaille d’or de l’allaitement de l’hôpital arrive pour m’aider. Elle me montre la théorie et la pratique pour mettre le sein dans la bouche du bébé. Hé bien, sachez que c’est très bizarre de se faire manipuler son propre sein dans la bouche de son bébé tout neuf par une totale inconnue.

Le 1er couac : la douleur

Il m’était impossible de donner le sein sans avoir mal, j’appréhendais chaque mise au sein. La douleur partait du mamelon et remontait dans tout le corps à chaque gorgée du bébé. Cela n’est pourtant pas compliqué de viser une bouche et pourtant… Le bébé attrapait juste le téton en le pinçant malgré toute l’aide apportée par Hélène (la sage-femme médaille d’or). Je l’appelais, même la nuit. Je n’osais plus mettre mon bébé au sein seule tellement c’était douloureux. Cette femme illuminait ma chambre. Elle avait une dextérité exceptionnelle ! En 3 secondes le bébé tétait. Je ne sentais rien du tout. J’observais, je reproduisais ses gestes sans succès.

1. Bien positionner le bébé à l’horizontale.
2. Positionnez la lèvre supérieure du bébé face au téton.
3. Il doit aller chercher le sein en levant légèrement la bouche.
4. L’aider à ne pas pincer le téton mais à bien attraper tout le mamelon en le guidant de son petit doigt dans la bouche.

Pendant ce temps, la montée de lait…

J’en ris encore !

Je pensais que c’était lors de la première nuit que la montée de lait avait lieu, alors je n’ai pas dormi en me disant

“Mince alors, il ne passe rien ?”

Une sage-femme m’indique au petit matin que :

“Non, la montée de lait n’est pas la 1ere nuit mais la 2eme…” 

(J’avais totalement oublié)

La nuit d’après, je me suis retrouvée avec un 95 D. 

Le 2ème couac ! Engorgement de sein. 

Je n’ai pas de chance. Enchainons. Pour une fois dans la vie où il était possible d’avoir de gros seins, ils sont devenus énormes, oui, et durs comme des parpaings. Les hormones se sont emballées, il y a “trop” de lait dans la marmite, tout est bloqué et c’est douloureux.

Imaginez : votre sein est un brocoli !

Les extrémités en fleurs des brocolis se gorgent de lait, surchargées, cela durcit et le lait reste bloqué. On peut sentir au toucher l’aspect des petites alvéoles dures sous la peau. Merveilleux !

Pour soulager l’engorgement mammaire, ce n’est pas miraculeux. C’est même complètement anti-sexy !

Vous êtes prêts ?

 Un engorgement = un œdème + du lait

1/ Drainer les seins en mettant le bébé au sein très régulièrement. 

2/ Il faut masser autour l’aréole du mamelon en faisant des cercles pour ramollir et débloquer au minimum le mamelon afin que le bébé puisse téter.

3/ Toujours en massant en cercles ses parpaings, vous pouvez alterner chaud et température ambiante/frais.

> Le chaud (pas trop quand même) : va fluidifier le lait. Par exemple, en prenant des douches chaudes, en alternant un gant chaud, puis un gant froid sur les seins par exemple. (Attention à la chaleur, cela peut augmenter l’œdème, une douche est légèrement plus chaude que la température de votre corps, c’est parfait)

> Le froid : soulage l’œdème Le froid diminue l’œdème. Le changement de température permet de fluidifier les canaux. (Exemple : un sachet de petits surgelés, c’est parfait pour la forme)

Quelle Angoisse, on donne même des anti-inflammatoires pour ne pas que cela se transforme en mastites. Voilà de passionnants moments de maternité. Pour vous dire, même le papa n’est pas attiré par cette activité de massage de seins. 

L’engorgement de sein se résout généralement en 48-72 h, l’idée est de s’en occuper le plus tôt possible pour s’en débarrasser très vite.

Les 1ers signes de l’engorgement sont :

• Un sentiment de sein lourd et tendu.
• Les seins durs

Les boucliers magiques anti-douleurs

Pendant ce temps, il y a toujours l’apprentissage de la mise au sein… Malgré la persévérance, la douleur était de trop. Elle révélait un sentiment d’échec coincé entre la joie de la naissance et un corps endolori. L’accouchement n’a pas de convalescence puisque la grossesse n’est pas une maladie. Porter des coussinets d’allaitement en plus des serviettes hygiéniques ne correspond pas l’image du corps maternel que je me faisais. Stopper le sang en bas, stopper le lait en haut.

Dormir, cicatriser, devenir mère.

La sage-femme médaille d’or de l’allaitement propose une béquille pour allaiter :

Nom technique : “bouts de seins” ou “téterelle”

Cet objet change la vie.

Combien de mères ont dit avec regret :

“Si l’on m’avait donné cela plutôt, je n’aurai pas arrêté mon allaitement.”

Il faut que les bouts de sein soient fins, en silicone, avec une encoche pour le nez de bébé. On en trouve par 2 dans toutes les pharmacies. 

Le 3ème couac : les crevasses d’allaitement

En 3 jours post-accouchement, on rigole bien avec l’allaitement. Dans cet article, on ne traite que d’allaitement. On pense bien-sûr aux accouchements par césarienne, forceps, aux prématurés, aux mamans, aux bébés en réanimations. Ce n’est pas du même niveau et on vous embrasse !

Donc, après l’engorgement de sein, c’est parti pour les crevasses. Encore un nom sexy pour un concept inconnu. A croire que l’on aime le tir groupé.  Explorons !

Les causes des crevasses sont :

• Nettoyer les seins avant et/ou après chaque tétée les fragilise.
• Le bébé ne prend pas bien le sein. Il tête que le bout.
• Le bébé a un problème de succion, il place mal sa langue
• Le bébé a une particularité anatomique : un frein de langue trop court, un souci musculaire…
• Un mauvais tire-lait.

Chers amies, le sein est fragile. Quand tout à coup et sans prévenir, il est sollicité 8 fois par jour. Imitant les gerçures des mains en hiver, l’aréole craque ! 

Y’a-t-il comme pour la douleur de la prise du sein une parade ?

Oui !

Elle s’appelle la sainte Lanoline. Cette pommade est la meilleure amie de tous les seins du monde. Tartinez-vous les aréoles ! Cicatrisez humide.

J + 3,5 jours d’allaitement : résumé

C’est la fin du séjour à la maternité avec une 1ère mise au sein sublime et un démarrage d’allaitement comiquement pas terrible. 

Le 1er mois d’allaitement

Le 1er mois d’allaitement se déroule bien grâce aux bouts de seins protecteurs. Cela permet de se concentrer sur autre chose que cette douleur pinçante. Elle a disparue et cela fait du bien.

Le 2eme mois d’allaitement

Tandis que notre merveilleux bébé grandit, sa bouche aussi. Il arrive à prendre tout le mamelon sans aide. On est libéré des bouts de seins ! Le 3ème et 4ème mois d’allaitement se passent au rythme de l’allaitement à la demande et la routine s’installe jusqu’au prochain rebondissement.

Le 3ème couac : le manque de lait en allaitement

Surprise matinale. Revoilà Jane Birkin. On a eu une panne de production nocturne. La journée s’annonce hilarante !

On regarde sur internet, ils parlent de stimuler la lactation avec des tisanes, avec un tire-lait et ils disent “prenez soins de vous“. Abreuvés de banalités, on rigole bien. Alors, on appelle l’hôpital pour de vrais conseils.

L’hôpital indique ceci :

“C’est le contact du bébé avec le sein qui stimule la production de lait. Le contact du bébé sera même plus efficace que le tire-lait. Allongez-vous avec lui près du sein comme pour une sieste, laissez-le téter tant que possible. Essayez qu’il tête toutes les heures et s’il manque toujours du lait demain ou qu’il pleure beaucoup, venez nous voir.”

Voici un schéma scientifique mettant en lumière la symbiose entre l’action du bébé sur la production de lait maternel. 

Glouglou = information au cerveau + production

Voici la position idéale quand on manque de lait. Cela s’appelle : 

Allaiter en étant allongée sur le côté :

On s’y ennuie beaucoup.

Il se passe 3 jours d’allaitement au compte goute. C’est stressant, on tourne en rond. On adapterait presque la danse de la pluie en danse du lait. Le bébé, lui, n’est pas gêné. Visiblement, il a assez à manger. 

On peut dire que l’allaitement ne coule pas de source. Ce n’est pas si naturel ! 

Sur cette nouvelle expérience palpitante, il y aura ni biberon ajouté ni complément alimentaire. Côté parent, on commence à regarder TOUS les problèmes concernant l’allaitement car on a l’impression que l’on va piocher toutes les bonnes cartes !

On passe au 4ème couac ?

Départ de week-end en amoureux. Non, on rigole ! On part avec le bébé. Quelques kilomètres plus tard, on arrête la voiture pour donner le sein et paf, du sang au bout téton. On appelle l’hôpital. (On connaît le numéro par cœur maintenant)

“Bonjour, il y a du sang au bout du téton pendant l’allaitement”

On échange pour savoir s’il y a une coupure au sein, où elle est, si le sang coule de dedans, si le bébé boit le sang, s’il peut se transformer en vampire ? Le verdict est :

“Cela va cicatriser tout seul, passez le week-end tranquille et sinon consultez l’hôpital le plus proche”

La cicatrisation a eu lieu dans les 24h, on a pu continuer le week-end tout pimpants.

Le 5ème couac : les fuites de lait 

Le bébé fait ses nuits, youpi ! La production nocturne bat son plein pour préparer au mieux le stock de la journée qui arrive. Et là, le réveil se fait sentir par une sensation humide aux seins : la fuite. 

La bonne nouvelle est qu’il n’y a pas d’engorgement. La mauvaise est que vous êtes trempée et possiblement vos draps aussi.

Il n’y a pas 36 solutions. il y en a une qui s’appelle les coussinets d’allaitement. Cela ressemble à des rondelles de coton et/ou fibre de bambou à glisser dans le soutien-gorge pour absorber le surplus..

Le sevrage

J ai décidé d’allaiter pendant 6 mois sous l’influence de l’OMS et du bon âge pour la divarication. Mon merveilleux bébé vient d’avoir 6 mois, c’est parti !

Le sevrage consiste à remplacer un repas au lait maternel par du lait (+ aliments normaux en fonction de l’âge du bébé. L’OMS indique à partir de 6 mois.)

Le bébé ne veut pas de lait maternel dans un biberon, il n’aime pas la tétine. On change de tétine. Beurk. On teste dans un verre. Il ventouse sa lèvre au verre. Merveilleux. Je n’ai pas allaité pour donner du lait en poudre, du synthétique, je n’ai même jamais pensé en acheter. Alors on teste avec du lait de vache. Plus tard, j’apprendrai de part la crise cardiaque de notre médecin familial, qu’il ne faut pas donner du lait de vache aux bébés.

On dit que le sevrage dure 15 jours. On commence à remplacer les tétées les moins importantes de la journée. Les 15 jours se transforment en 2 mois. C’est difficile d’arrêter d’allaiter. Je n’aurai pas cru.

J’aime bien celle du réveil. Celle qui dit “Salut toi, tu as passé une nuit ? On se réveille ensemble.” J’aime bien sentir ses doigts attraper dans le dos le t-shirt, le lâcher et faire des gratouille. J’aime bien la chaleur de cette boule de bébé ventre contre ventre au réveil.

Je crois que j’ai bien aimé allaiter. Il va se perdre quelque chose.

Temoignage Invitée : Aude Lambert

Allaitement et ostéopathe

Alors, je m’y colle ????

Petit contexte : je viens d’une famille très a l’aise avec l’allaitement donc j’ai toujours voulu allaiter.

Avant la naissance, j’ai découvert la BN, une méthode/position d’allaitement un peu différente des positions habituelles (madone ou ballon de rugby).

Très succinctement, cette position permet à l’enfant de mettre en œuvre ses réflexes d’allaitement (car un bébé sait téter de manière naturelle sans aide).

Bref, ma fille naît fin-décembre (avec accouchement par voie basse sans péridurale) et dès le début je remarque qu’elle n’arrive pas à prendre le sein droit contrairement au gauche. Elle semble très inconfortable et douloureuse.

En parallèle, elle a des énormes crises de pleurs tous les soirs qui peuvent durer de 22h à 2h du matin. Elle refuse le sein, se tord de douleur, et il est très compliqué de trouver une position qui la détende et stop les pleurs.

Nous partons consulter un ostéopathe qui nous fait part de deux soucis après quelques manipulations,

1. elle a le muscle de l’épaule gauche complètement contracté. Donc les cervicales sont tendues d’un côté (d’où la gêne pour téter au sein droit).
2. Pour soulager sa douleur et décontracter son muscle, elle se tendait dans le sens opposé, ce qui a eu pour effet de compresser l’estomac et de le déplacer légèrement.

Le soir même, les pleurs de douleur avaient diminué et l’allaitement au sein droit de met en place parfaitement et trois jours après, tout allait bien.

Ma fille était née avec la main sur le visage ce qui a provoqué la tension du muscle.

Je conseille vraiment d’aller voir un ostéopathe quelques jours après la naissance, car même pour une naissance qui s’est bien passé, il peut y avoir des tensions qui resteront dans le temps.

J’ai précisé la méthode d’allaitement car en position classique (madone) ma fille pouvait téter puisque je « forçais » la prise du sein.

Merci Aude Lambert pour ce témoignage. Retrouvez-la sur instagram 

https://www.instagram.com/audedelalune/

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